Apprendre et enseigner à l'ère numérique

      L’objectif de cette conférence est de nous expliquer comment pouvons-nous profiter des nouvelles technologies et outils TICE pour repenser l’enseignement traditionnel et quelles valeurs ajoutées ils pourraient apporter.

M.Lebrun part d’un constat: l’équivalence enseigner/apprendre ne fonctionne pas très bien. En effet, un enseignant va enseigner (transmettre, faire passer un savoir, gérer des interactions, accompagner l'apprentissage et favoriser un changement de conception aux élèves) mais il ne pourra pas apprendre (écouter, acquérir des connaissances, mémoriser, comprendre construire et organiser, mettre en pratique, acquérir des méthodes, modifier ses représentations, dégager du sens, interpréter, agir, interagir) à leur place.

Il y a donc la nécessité d’avoir une cohérence et un alignement pédagogique (John Biggs) entre ce que l’on vise (les objectifs), les méthodes (chemin pour atteindre l’objectif), et les outils. S’ajoutera à cela, l’évaluation que ce soit diagnostique, formative ou sommative avec des critères pour les apprenants ainsi que l’évaluation du professeur. Cette cohérence permettra de favoriser l’apprentissage des apprenants.

En parallèle aux objectifs d’apprentissage, des compétences sont également mises en jeu, hiérarchisées dans la taxonomie de Bloom. L’élève est capable de mobiliser des connaissances et capacités dans des contextes donnés; ce sont des compétences. M.Lebrun donne l’exemple des référentiels de compétences pour tous les niveaux et tous les domaines, ainsi que les évaluations formatives. On retrouve également de plus en plus les portfolios. Toutes ces compétences sont similaires et transversales pour tous les domaines (scolaire, professionnel).

Afin d’utiliser les TICE, M.Lebrun fait le constat d’une méthode d’enseignement qui arrive en fin de course avec des élèves qui utilisent internet et les réseaux sociaux en cours alors que les professeurs eux mêmes voudraient interdire cela estimant qu'il s'agit d’incivilité de la part des élèves, et ne profitant pas de ce fait des compétences que les élèves mobilisent (communiquer, collaborer, créer) afin de les intégrer aux apprentissages. De nombreuses compétences ne sont ainsi pas encore assez exploitées dans la formation.

M.Lebrun propose alors un modèle dit méthode active mettant en avant des situations concrètes, des situations problèmes, basée sur cinq facteurs qui sont:

• Informer (recherche, critique)

• Motiver (engagement, implication à activer)

• Activer (analyse, synthèse, évaluation)

• Interagir (travail d'équipe, communication)

• Produire (créativité, construction d'un projet personnel ou de groupe)

Cette méthode fait interagir ces cinq facteurs permettant d'arriver à une finalité précise mettant en jeu des contenus, des capacités et des contextes différents selon le ou les objectifs d'apprentissage.

M.Lebrun expose enfin l'impact des technologies sur les apprentissages. Il parle de « fossilisation des pratiques » avec une volonté de changer cela en essayant de « faire la même chose autrement... ».

Des recherches ayant été faites sur l'impact des technologies sur les apprentissages, les résultats permettent de conclure sur le fait qu'il n'y a pas de différences significatives (NSD : no significatives differences) au niveau des connaissances. S'agissant d'une constante pour toutes les recherches, nous pouvons dire qu'aucune perte n'est repérée. Cependant, les compétences mises en jeu avec les outils TICE dites valeurs ajoutées, telles que la communication, l'esprit critique, la collaboration, n'ont pas été validées puisque l'on ne sait pas réellement les évaluer.

Afin que ces compétences soient plus facilement utilisées et évaluables, un dispositif de formation hybride peut être envisagé. Cela se caractérise par la présence dans un dispositif de formation de dimensions innovantes liées à la mise à distance. On a alors une hybridation des formes d'enseignement avec une nouvelle considération de la présence/absence des enseignants et des méthodes d'apprentissage.

AF : Ancienne forme d'enseignement

NV : Nouvelle formes d'enseignement conduisant à une hybridation

Cette nouvelle forme d'enseignement est utilisée au Canada, elle est appelée « Flipped classroom » dit classe inversée dans laquelle, la lecture (cours transmissif) se fait à la maison grâce à des outils tice et le travail d'apprentissage (entraînement, pratique, débat) se fait en classe.

Le travail en classe permet de mobiliser des compétences transversales comme le travail d'équipe, l'esprit critique, la recherche d'informations, la communication ou encore la créativité.

Pour ce faire, une réorganisation des espaces « classes » doit être revu avec la suppression des amphithéâtres en école supérieur essentiellement conçus pour des cours essentiellement transmissifs et le retour des salles de classe permettant les travaux dirigés ou travaux de groupe, en nombre d'élèves moins important permettant au professeur d'être plus présent individuellement pour chaque élève.

La conférence de Monsieur Lebrun est disponible via ce lien: 

https://www.youtube.com/watch?v=3eAyvzPFmf0&feature=youtu.be